ETF ou stock picking ?

Les investisseurs en bourse se divisent en deux catégories : les fans d’ETF et les stocks pickeurs. Avant de voir les avantages et les inconvénients des deux approches, revenons sur ces styles d’investissement en bourse.

Qu’est-ce que le stock picking ?

Littéralement, il s’agit de sélectionner des actions. Le stock picking est donc l’art de choisir des actions pour constituer un portefeuille en bourse. Dans le PEA ou le compte titres d’un stock pickeur, on trouvera des actions de sociétés bien identifiées. Selon ses préférences, l’investisseur pourra s’orienter vers le luxe (LVMH, Kering, Hèrmes…), les pétrolières (TotalEnergies, ExxonMobil, BP…), la technologie (Microsoft, Google, Apple…), etc, etc. L’univers du stock picking est aussi vaste que le marché actions !

Qu’est-ce que l’investissement en ETF ? 

Un ETF pour Exchange Traded Fund est tout simplement un fond coté en bourse comme une action. S’il s’achète exactement comme une action ordinaire, un ETF contient un panier d’actions. Ce panier est constitué différemment selon la nature de l’ETF. La plupart des ETF répliquent un indice. C’est ce qu’on appelle les ETF indiciels ou fonds indiciels. On y trouve donc toutes les actions constituant cet indice. Un ETF répliquant le CAC 40 contient les 40 actions du premier indice français, un ETF répliquant le Nasdaq 100 contient les 100 actions de l’indice technologique américain, etc. Vous avez compris le principe ? Il existe bien des ETF qui ne répliquent pas un indice, ils sont gérés par un gérant qui effectue de vrais choix, mais nous n’allons pas les évoquer ici d’autant plus qu’ils sont peu nombreux. 

Pour schématiser, le stock pickeur fait son marché tandis que l’investisseur en ETF achète un panier d’actions sans discriminer. Maintenant que l’on comprend cette différence, évoquons les avantages et les inconvénients des deux approches. 

Les avantages et inconvénients des ETF

Les ETF indiciels ont des performances remarquables à long terme ! John C. Bogle, le créateur de Vanguard, a montré que la plupart des fonds ont de moins bonnes performances que les indices. Les gérants prennent pourtant beaucoup de frais au passage ! Le stock pickeur ne subit pas ces frais puisqu’il gère lui-même son portefeuille, mais ses choix peuvent s’avérer moins pertinents que l’achat d’un indice entier. Après tout, le stock pickeur est le gérant de son propre fonds, il n’y a pas de raison qu’il fasse mieux que les professionnels. Statistiquement, vous avez d’ailleurs toutes les chances de faire une moins bonne performance en sélectionnant vos actions qu’en achetant un indice large comme le S&P 500 ou le MSCI World. Acheter un indice, c’est acheter les perdants, mais aussi les gagnants. 

Investir dans un ETF est extrêmement facile. Il n’y a pas besoin de faire de recherche sur chacune des sociétés constituant l’indice. Il n’y a aucune question à se poser concernant la santé financière de telle ou telle entreprise. Pour investir dans un ETF, il suffit de passer un ordre d’achat comme pour n’importe quelle action. Quelques minutes par an suffisent ensuite pour suivre son portefeuille.

De nombreux ETF sont éligibles au PEA même s’ils ne contiennent pas que des actions françaises. C’est particulièrement le cas des ETF CW8 d’Amundi et EWLD de Lyxor qui répliquent la performance du MSCI World. L’ETF PANX d’Amundi permet lui d’invertir dans le Nasdaq sur le PEA. Amundi a aussi l’ETF PAASI éligible au PEA qui contient de nombreuses actions chinoises. 

Il faut tout de même choisir quels ETF acheter. Le premier choix est de définir quel indice acheter. Généralement, il est conseillé d’acheter un indice le plus large possible. Un choix s’impose alors : les ETF répliquant le MSCI World (l’indice monde regroupant les 7000 entreprises des pays développés). Sa performance est très difficilement battable à long terme. Il existe bien entendu des ETF répliquant d’autres indices (CAC 40, Nasdaq, indices de pays émergents, etc.). Rien ne s’oppose d’ailleurs à panacher entre différents ETF. On peut par exemple mettre 80% sur un ETF World, 20% sur un ETF émergents.

Il existe des ETF permettant de s’orienter vers tel ou tel facteur, secteur ou thématique. Par exemple, il y a des ETF orientés vers la croissance, d’autres vers l’énergie, d’autres encore sélectionnent des titres à faibles volatilités. Ça ressemble à une bonne idée, mais on s’éloigne ici de la gestion purement passive. On commence à faire des choix sectoriels ou factoriels. On se rapproche donc de la gestion d’un stock pickeur ! La philosophie de l’inversement en ETF indiciels est pourtant de laisser faire le marché. Xamier Delmas de ZoneBouse a de plus prouvé que beaucoup d’ETF thématiques sont très trompeurs pour ne pas dire pire.

Les ETF comportent des frais. Attention, les ETF sont des fonds à très faibles frais si on les compare aux fonds traditionnels, mais par rapport à la gestion d’un stock pickeur, il faut savoir qu’un ETF prend généralement entre 0,5% et 1% de frais tous les ans. Ce n’est pas énorme, mais à long terme la différence peut se faire sentir.

Les ETF peuvent être à réplication synthétique. Quand on achète un ETF, on s’attend à ce que le fond possède réellement les titres composant l’indice qu’il réplique. C’est souvent le cas, ça s’appelle la réplication physique. En cas de liquidation de l’ETF, les titres sont toujours là. C’est une garantie pour l’actionnaire. L’industrie de la gestion d’actifs a cependant inventé la réplication synthétique. En temps normal, pas de souci ces fonds répliquent bien la performance de l’indice, sauf qu’ils ne contiennent pas du tout les titres composant l’indice ! Ils arrivent à suivre l’indice grâce à un swap de performance avec un autre acteur financier. C’est grâce à ce système que vous pouvez avoir des ETF répliquant un marché non européen en PEA. : l’ETF ne possède que des titres éligibles au PEA dont il « échange » la performance contre celle d’un indice étranger. C’est très utile, mais ça amène aussi un risque. En cas de faillite de l’émetteur ou de sa contrepartie, l’investisseur n’est pas garanti par les titres composant l’indice dans lequel il a investi. Heureusement, cette situation n’a pas encore été testée… pour l’instant !

Avantages et inconvénients du stock picking

Le stock picking est une activité intellectuellement stimulante. Si vous aimez apprendre, le stock picking est fait pour vous. Se plonger dans les comptes d’une entreprise ou tout simplement comprendre comment elle gagne de l’argent est souvent extrêmement intéressant. Au-delà de la bourse, vous finirez par mieux comprendre comment l’économie et les marchés fonctionnent. Vous en apprendrez aussi beaucoup sur vous et votre manière de réagir face à de bons ou de mauvais choix. Un stock pickeur n’arrête pas d’apprendre, mais ce n’est valable que si cette activité le passionne.

Construire son portefeuille soi-même permet de s’exposer exactement à ce que l’on souhaite. Si vous avez la conviction que L’Oréal va monter, vous allez en acheter beaucoup plus que ce qu’un ETF CAC contient par exemple. À l’inverse, si vous voulez éviter Apple, en achetant un ETF monde, il y aura forcément du Apple dedans. Cela est aussi valable pour surpondérer ou éviter des secteurs entiers. Vous souhaitez éviter la technologie, la défense ou les bancaires ? C’est impossible avec un ETF répliquant un indice large, mais rien de plus simple en sélectionnant ses actions.

Vous avez aussi un plus grand contrôle sur votre portefeuille avec le stock picking. Un portefeuille de titres vifs autorise à vendre ou à acheter selon les opportunités du moment. Avec un ETF, impossible de se débarrasser d’une entreprise à l’actualité catastrophique ou d’acheter le titre dont vous pensez qu’il va monter très fort. 

Il n’y a aucuns frais de gestion lorsque l’on gère soi-même son portefeuille en bourse. Il faut toutefois souligner que les ETF indiciels comportent des frais réels, mais réduits.

Le temps nécessaire pour effectuer un bon stock picking est important. À la vue des performances des ETF indiciels, il n’est pas du tout certain que le temps nécessaire à la construction de son propre portefeuille soit bien employé.

La performance de long terme est souvent décevante. Bien entendu, cela dépend des stock pickeurs. Certains seront plus doués que la moyenne, d’autres auront beaucoup de chances, mais en général le stock picking est une activité peu rentable. En dehors des choix du stock pickeur qui peuvent être mauvais, il y a aussi de nombreux facteurs psychologiques. Un investisseur actif va acheter et vendre régulièrement certains titres alors que rien ne dit qu’il fera ça au bon moment. Il va d’ailleurs payer des frais et des impôts sur ses plus-values alors que l’investisseur en ETF — s’il se tient à sa stratégie — se contentera de détenir l’indice contre vents et marrées. Un indice n’est toutefois pas complètement immobile. Les titres qui le composent évoluent périodiquement, mais très lentement. Les titres qui sortent des indices sont ceux qui ont beaucoup baissé. Ceux qui y rentrent ont beaucoup monté. L’investisseur en titres vifs fait souvent le contraire… Ce qui revient à arracher les fleurs et à arroser les mauvaises herbes !

Vous avez maintenant toutes les cartes en mains pour choisir entre ETF ou stock picking.

En résumé

Les ETF sont une excellente solution pour tous ceux qui ne souhaitent pas passer trop de temps sur la gestion de leur portefeuille tout en profitant de la performance du marché actions. Le stock picking est à réserver aux personnes vraiment intéressées par la bourse avec de plus un esprit aventurier !

Rien ne vous empêche d’ailleurs de combiner les deux approches. Avec un beau portefeuille d’ETF et quelques actions d’entreprises auxquels vous croyez, on peut conjuguer le meilleur des deux mondes !